Coronavirus : lettre de P. Lasseube au préfet

Publié le par PL

Coronavirus : lettre de P. Lasseube au préfet

Le samedi 9 mai 2020 (lettre envoyée pendant le confinement)

 

Monsieur le préfet,

 

Dans la période difficile, mais nécessaire, de confinement que nous traversons, il semblerait judicieux d’ajuster le contenu de vos arrêtés en tenant compte du contexte déjà contraignant.

 

Je ne remets pas en cause la nécessité de prôner « l’interdit » par arrêté, mais encore faut-il que ce dernier n’exclue pas le bon sens.

Comme bon nombre de nos concitoyens, je m’interroge sur le contenu de deux de vos arrêtés, l’un sur la limite à dix commerces de bouche présents sur le marché de plein vent de Saint-Lys et l’autre sur l’interdiction de la vente de carburants en jerricans.

 

L’interdit, pour être efficace, doit répondre à une nécessité impérieuse et qu’il puisse être compris par tout citoyen actanciel animé, comme moi, d’un esprit républicain et de responsabilité individuelle et collective.

Ici, à Saint-Lys, le marché de plein vent existe depuis la fondation de la Bastide en 1280. Sa gestion a toujours été de la responsabilité des élus locaux. Aujourd’hui son attraction est liée à la mise en liaison directe des producteurs locaux avec les consommateurs. Nous constatons une augmentation de producteurs locaux même si le fruit de leur production leur laisse, in fine, qu’une faible marge. En limitant arbitrairement et de façon très contrainte à dix, la présence de commerces de bouche, vous semblez méconnaitre la réalité et les conséquences fâcheuses tant pour les producteurs locaux que les consommateurs.

Rien ne semblait imposer une telle injonction. Monsieur le maire de Saint Lys a semble-t-il parfaitement organisé l’espace dédié aux dix commerces, mais le marché organisé suivant vos directives ne couvre que les 2/3 de l’espace disponible.

 

Monsieur le président de la république vous a donné la responsabilité d’autorisation d’ouverture des marchés sous condition, mais pas celle d’ajouter des contraintes aux contraintes.

 

Concernant votre arrêté sur l’interdiction de la vente de carburants en jerricans ou tout autre contenant, là, l’incompréhension est à son comble, sachant que la plupart des points de vente sont en libre-service 24H/24H ! Il semble que vous faites une erreur d’appréciation qui pose la question de la crédibilité de l’application d’une telle décision. Elle est vécue par les bons citoyens comme une injustice qui les pénalise en leur interdisant en pleine période de confinement de tondre leur espace vert dans la période ou l’herbe pousse le plus vite de toute l’année. Quant aux délinquants visés par votre arrêté, il y a longtemps qu’ils sont passés maîtres en siphonnage de réservoirs et autres contenants.

 

Je porte à votre connaissance mes réflexions, non pas pour exprimer ma colère, mais dans un esprit constructif, en vous apportant la preuve que, l’impact sur les citoyens et les élus locaux de ces deux arrêtés, peuvent avoir des effets dévastateurs concernant la crédibilité de la parole de l’État.

 

Recevez, Monsieur le préfet, l’expression de mes salutations respectueuses.

 

 

 

 

M. Patrick Lasseube

Conseiller municipal de Saint-Lys depuis 1995

Maire de Saint-Lys de 2001 à 2008

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