Hommage à Jean-Marie Deruelle
Hommage à Jean Marie Deruelle
Jean-Marie Déruelle, personalité saint-lysienne, est décédé le 27 juillet 2015
Jean Marie est parti avec discrétion, si discrètement, comme à son image, que j’ai du mal à y croire. Il ne nous avait pas habitué à ce silence pesant, lui, qui malgré la fragilité de sa santé ne s’économisait pas. Peu importe le poids des années, Jean Marie était toujours en activité, « à fond » comme disent les jeunes, et quelle vitalité.
Comme l’a décrit le père, Jean-Claude Vasseur, « il allait de son petit pas pressé, son porte document sous le bras », ses immuables chemises à carreaux au col fermé… Il fallait le voir les jours de marché arpenter la bastide à la manière du facteur porteur de bonnes nouvelles. Le personnel de la mairie était habitué à sa visite, il était même souvent attendu. Du courrier, Il y en avait pour tout le monde, il prenait son temps, mais la tournée semblait être toujours inachevée et pour tout émargement il vous gratifiait de son immuable sourire. Son sourire, le signe d’une générosité et d’un désintéressement total.
Aujourd’hui difficile de croire à la disparition de celui, qui, il y a encore quelques jours vous écrivait ou vous interpelait dans la rue au sujet d’une future manifestation d’ACP. Répondre aux sollicitations de Jean Marie était pour moi un réel plaisir, car c’était une façon de lui retourner un peu de son immense disponibilité et de sa générosité de cœur. C’était aussi pour moi lui confirmer à mon tour ma fidélité et mon appui dans tous ses engagements. Nous partagions une réelle complicité.
Jamais propulsé sous les feux de la rampe, sa discrétion, son humilité, l’ont fait oublier des honneurs auxquels il aurait pu largement prétendre. Même le jour de son dernier voyage, le cortège funèbre n’est pas passé, comme c’est de tradition à Saint-Lys, devant la mairie, pour un dernier hommage public à l’élu municipal qu’il fut. Il nous appartiendra, le moment venu, de veiller à une reconnaissance publique, pour celui qui a fait don de sa personne dans divers domaines, humanitaire avec le Secours catholique, d’intérêt général avec le projet de musée du patrimoine, Devoir de mémoire avec Saint-Lys Radio, rayonnement de Saint-lys avec Floralys, Fermalys, bourses aux collections, son engagement associatif pour la rayonnement de la vie culturelle, travail d’historien local, paroissien et de restaurateur du patrimoine cultuel … Je prends ici conscience combien il m’est difficile de dresser une liste exhaustive des engagements de Jean Marie.
L’on doit aussi à Jean Marie, comme à certains employés du centre radio maritime venus s’expatrier à Saint-Lys, d’avoir insufflé à cette bourgade profondément rurale, une dynamique sans précédent à la vie associative culturelle et sportive, en mettant sur pied des structures et une organisation inspirée de celle du foyer d’éducation populaire propre aux grandes entreprises publiques EDF, SNCF, PTT.
N’oublions pas que la vie culturelle et sportive de Saint-Lys vit encore sur l’élan impulsé par les pionniers de Saint-Lys radio.
Il faut ajouter au parcours de vie publique de Jean Marie, son élection au conseil municipal et de Suzanne comme élue au CCAS.
Pour Jean Marie et Suzanne, véritable couple fusionnel, déracinés de leur région natale, ils ont mené une intense action militante au service de leur commune d’adoption. L’exemple est à méditer et mérite bien la reconnaissance publique.
Jean Marie n’était pas un président d’association autocrate, bien au contraire, il savait écouter les avis divergents avant de proposer à l’assemblée une proposition de synthèse. Preuve que cette méthode participative appliquée fut la clef de la réussite de nombreuses réalisations. Jean Marie était à la tête d’un orchestre composé d’hommes et de femmes profondément engagés dans les différentes actions. Ils ont écrits ensemble de belles partitions aux noms parfois évocateurs : « Floralys », « Fermalys », sans oublier : le marché de l’arbre, les expositions thématiques, les collections de La Poste et Saint-Lys Radio, la philatélie, la cartophilie, les manifestations ponctuelles concerts, animations festives, voyages et sorties culturelles...
C’est sûrement son expérience d’élu municipal qui l’avait rompu à l’exercice de la représentation publique, au nécessaire compromis à trouver avec les élus. Il excellait dans ce domaine et pour le maire que je fus, c’était un réel plaisir de travailler à des projets avec Jean Marie entouré de son équipe d’ACP. Ce qui m’a toujours frappé dans sa façon d’appréhender les choses, c’est son souci du détail et il n’était pas avare, ni de son temps, ni de son énergie, pour peaufiner le projet en cours. Et avec le recul je mesure l’ampleur des actions réalisées ensemble.
Aujourd’hui, le projet du musée du patrimoine, auquel il croyait, mais à la façon de Saint-Thomas, restera l’une de de ses principales œuvres collective inachevée. J’émets le souhait que, le moment venu, ce lieu de mémoire et d’histoire locale puisse en toute logique porter son nom.
Jean Marie se nourrissait du succès des actions entreprises par ACP, mais aussi avec ceux comme moi avec qui il partageait une complicité dans le domaine de l’histoire locale. C’est grâce en partie à lui et aux travaux de membres d’ACP que j’ai pu proposer au conseil municipal en 2003 la réalisation et l’édition du livre d’histoire de « Saint-Lys, une Bastide entre Gascogne et Languedoc ».
L’une de ses qualités était son désintéressement total. Jean Marie avait fait don de sa personne pour œuvrer à la mise en valeur, non seulement de la vie culturelle de Saint-Lys, mais aussi en harmonie avec sa vie de croyant, son action envers les plus démunis à travers le secours catholique avec son épouse Suzanne.
Jean Marie a fait rayonner le nom de Saint-Lys à travers la mémoire de « Saint-Lys Radio » sur tout l’hexagone et les mers du monde. Ses travaux d’historien local, son implication déterminante aux réalisations d’ACP, son action au secours Catholique…sont autant de bonnes ondes qui irrigueront les générations futures de Saint-Lysiens. Son action s’inscrit dans la continuité de ceux qui humblement au quotidien et sur la durée, enrichissent de façon durable de désintéressée, l’histoire des hommes.
Saint-Lys le 30 juillet 2015
Patrick Lasseube
Membre d’ACP
Responsable culturel associatif
Maire de Saint-Lys 2001/2008, élu municipal depuis 1995